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Vin vegan, vin bio : quelle différence et pourquoi cela compte ?

29/05/2025

Pourquoi la question se pose

Sur les étagères des cavistes, les mentions "bio" et "vegan" sur les bouteilles de vin se multiplient. Les deux labels semblent partager un même esprit : respect du vivant, refus de l'industrie chimique, engagement pour l'environnement… Pourtant, derrière ces étiquettes, la réalité est nettement plus nuancée. Est-ce que vin vegan rime toujours avec vin bio ? Faut-il les confondre, ou au contraire les distinguer ?

Ce questionnement, de plus en plus présent parmi les consommateurs sensibles à l’éthique, n’est pas anodin. Près de 10 % des Français déclaraient en 2022 consommer régulièrement des vins bio (source : Agence Bio). De leur côté, les vins vegan représentent moins de 2 % du marché, mais leur croissance est fulgurante, notamment dans les grandes villes et chez les jeunes générations (Wine Intelligence).

Qu’est-ce qu’un vin vegan ? Qu’est-ce qu’un vin bio ?

Le vin bio, une définition réglementée

  • Culture de la vigne : Zéro pesticides de synthèse, engrais chimiques et OGM interdits. Les produits phytosanitaires autorisés sont d’origine naturelle (soufre, cuivre en quantité limitée, etc.).
  • Vinification : Limites plus strictes sur l’utilisation de certains additifs, mais adjonctions (sulfites, levures sélectionnées) restant possibles sous condition.
  • Certification : Un cahier des charges européen, un contrôle annuel par un organisme indépendant (Ecocert, Bureau Veritas, etc.). Depuis 2012, le logo "Eurofeuille" atteste qu’un vin est certifié biologique.

Un vin bio répond donc à une réglementation précise tout au long de la chaîne de production. Mais il peut, en toute légalité, inclure des substances d'origine animale lors de la vinification.

Le vin vegan, une démarche autour de la non-exploitation animale

Un vin vegan est quant à lui élaboré sans aucune substance animale : ni dans les engrais utilisés à la vigne, ni pendant la vinification. La principale différence se fait sentir à l’étape du collage (procédé pour clarifier le vin), où blanc d’œuf, gélatine de porc ou caséine laitière peuvent être employés traditionnellement.

  • À la vigne : Certains labels vegan autorisent toutefois l’utilisation de fumier, ce qui peut interroger.
  • À la cave : Produits de collage exclusivement minéraux ou végétaux (bentonite, protéine de pois, charbon végétal…).
  • Certification : Absence de cadre européen ; plusieurs labels privés existent (V-Label, Vegan Society, EVE Vegan), chacun ayant ses exigences. Le logo n’est pas obligatoire, et l'auto-déclaration reste fréquente.

Le caractère vegan du vin n’entraîne aucune exigence réglementaire sur le recours à la chimie ou à la gestion environnementale : c’est une démarche éthique orientée exclusivement sur le respect animal.

Des chemins qui se croisent… mais pas toujours

Un vin vegan peut-il être conventionnel ?

Oui, et c’est là tout le paradoxe : rien n’interdit – d’un point de vue technique – de produire un vin vegan à partir d’une viticulture conventionnelle. De nombreux vins vegan, notamment dans le Nouveau Monde (Californie, Australie…), sont issus de raisins traités avec des pesticides, herbicides ou anti-botrytis chimiques, mais sans recours à la protéine animale au chai.

Un exemple ? Aux États-Unis, le géant Treasury Wine Estates propose des gammes vegan non bio dans ses grandes marques, adaptées à la clientèle vegan-anglophone en forte demande, tout en bénéficiant des volumes garantis par la vigne conventionnelle (source : Wine-Searcher).

Des vins bio non vegan, est-ce possible ?

Absolument. L’immense majorité des vins bio ne sont pas vegan, car les pratiques traditionnelles restent majoritaires lors du collage. Le blanc d’œuf issu des filières bio ou la caséine de lait biologique sont autorisés, et souvent préférés pour leur douceur.

  • Selon InterBio, en France, moins de 15 % des vins bio sont également certifiés vegan.
  • La mention "bio" ne garantit donc rien du point de vue d’une démarche végane, même si elle anticipe souvent une sensibilisation au bien-être animal et environnemental.

Pourquoi cette confusion entre bio et vegan ?

La confusion s’explique par la parenté de valeurs : respect du vivant, circuits courts, refus des excès chimiques ou industriels. Beaucoup assimilent naturellement le refus de l’exploitation animale à celui de la chimie intensive, alors que les cahiers des charges diffèrent fondamentalement.

Autre facteur : les labels et mentions fleurissent, parfois sans contrôle officiel. Une bouteille "vegan" sans label de certification peut donner l’illusion d’une éthique globale, là où seul le critère d’exclusion animal est vérifié par le producteur lui-même, ou par un organisme tiers peu contrôlant.

  • D’où l’importance de différencier les logos : Eurofeuille pour la bio, Vegan Society, EVE Vegan, V-Label pour le véganisme, et parfois des mentions "nature" à ne pas confondre non plus.

Peut-on espérer un vin à la fois bio, vegan… et bon ?

Des exigences cumulatives

La demande croissante pour des vins à la fois bio et vegan fait évoluer les pratiques, côté production comme côté distribution.

  • Pour être bio et vegan, un domaine doit respecter la réglementation bio d’un côté, et s’engager à n’utiliser que des intrants 100% végétaux ou minéraux de l’autre. Certains vont plus loin, intégrant aussi l’absence de colle animale sur les étiquettes ou d’engrais organique non végétal.
  • De plus en plus de vignerons optent pour une certification double (Ecocert + EVE Vegan par exemple), mais la démarche reste minoritaire en France – on compte moins de 500 références "bio & vegan" en distribition spécialisée (source : Réseau Biocoop, 2023).
  • On observe déjà une dynamique : en Italie, près de la moitié des vins vegan sont bio (données ICE 2022), et en Espagne également.

Côté dégustation, ce double engagement n’impacte pas la qualité intrinsèque du vin. Les alternatives végétales et minérales au collage sont aujourd’hui efficaces pour la limpidité, sans altérer goûts, arômes ou complexité.

Comment reconnaître un vin bio ET vegan ?

  • La double labellisation : Chercher la présence simultanée de l’Eurofeuille bio UE et du logo Vegan Society, V-Label ou EVE Vegan.
  • Lire l’étiquette : Parfois la mention "vegan" figure sans logo ; mieux vaut alors consulter le site du producteur, ou demander au caviste. Certains affichent leur engagement, d’autres sont plus discrets.
  • Soliciter son caviste ou restaurateur : Les adresses spécialisées, et certaines enseignes bio, tiennent des listes à jour.
  • Quelques exemples concrets : Les cuvées Vegan du Château Puech-Haut (Languedoc), la gamme bio-vegan des Vignerons de Caractère à Vacqueyras, ou encore Bonterra Vineyards aux Etats-Unis, pionniers sur le marché nord-américain.

Dans tous les cas : un vin peut être vegan sans être bio, bio sans être vegan, ou les deux à la fois. L’un n’implique pas mécaniquement l’autre.

Impact écologique, animal et social : pourquoi ce débat n’est pas qu’affaire de normes

S’interroger sur le duo bio-vegan dépasse le simple choix de consommation : c’est aussi interroger la cohérence écologique. Un vin vegan conventionnel issu de monocultures sous chimie intensive ne coche aucunement les cases d’une transition agricole globale.

  • La certification bio reste, malgré ses limites, un puissant levier de réduction de l’impact environnemental (biodiversité, sols, eau, etc.).
  • À l’inverse, la non-utilisation de produits animaux (même bio) dans la vinification protège l’éthique végane et écarte tout recours à l’élevage industriel, dont l’impact carbone est élevé.

Pour aller plus loin, certains domaines intègrent des pratiques biodynamiques, la permaculture ou le "zéro intrant" (vins nature), allant bien au-delà du simple label. Mais il faut rappeler que "naturel" n’est ni un label officiel, ni la garantie qu’aucun produit animal n’est utilisé.

Perspectives pour le secteur et pour les consommateurs

Face à une clientèle de plus en plus éduquée, la filière vin s’adapte. En France et en Europe, de grands distributeurs spécialisés (Biocoop, Naturalia, boutiques en ligne comme Vinatis ou Lavinia) élargissent chaque année leur offre bio-vegan, misant sur la transparence. L’Italie, l’Espagne et l’Allemagne montrent une avance, avec une part croissante de leurs exportations déjà estampillées des deux labels.

Côté France, le projet de label "vin végane officiel" est en discussion depuis 2023 mais se heurte à la multiplicité des pratiques et des attentes (source : Le Monde, décembre 2023). Malgré cela, la demande des consommateurs, alliée à l’innovation technique des vignerons, laisse augurer une progression continue de l’offre complète, correspondant aux attentes éthiques, écologiques et organoleptiques des amateurs.

Finalement, identifier la distinction bio/vegan dans le vin, c’est gagner en autonomie, choisir un produit aligné sur ses valeurs, et soutenir des filières vertueuses. Savoir lire une étiquette devient alors un geste militant… ou tout simplement du bon sens réjouissant pour qui aime le vin et le vivant.

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