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Vegan, bio, naturel, biodynamique : démêler les étiquettes du vin engagé

26/05/2025

Les étiquettes vertes du vin : pourquoi s’y retrouver est devenu essentiel

Depuis quelques années, le vin s’habille de valeurs. Sur les rayonnages ou chez les cavistes, les bouteilles se parent de labels, chacun promettant un engagement particulier : respect de l’environnement, absence de chimie, éthique végétale… Pourtant, pour le consommateur, la distinction manque souvent de clarté. Peut-on être bio et non vegan ? Un vin naturel est-il forcément bon pour la planète ? Et la biodynamie, est-ce si différent du bio ? Comprendre ces catégories, c’est d’abord choisir une bouteille en accord avec ses convictions et ses envies. Plongeons ensemble dans les coulisses de ces vins engagés, leurs méthodes, labels, contraintes… et bien sûr leurs goûts.

Le vin vegan, un engagement méconnu mais précis

Le vin vegan se distingue d’abord par le refus de toute utilisation, directe ou indirecte, de substances d’origine animale, que ce soit dans la vigne ou durant la vinification. Ce point peut surprendre : le jus de raisin, à l’origine, n’a rien d’animal. Pourtant, l’écueil se trouve dans l’étape du collage (clarification avant mise en bouteille). Historiquement, on utilise des protéines animales : blanc d’œuf (albumine), gélatine, caséine de lait, colle de poisson (ichtyocolle). L’initiative vegan impose des alternatives végétales (protéines de pois, bentonite, charbon actif) ou évite tout collage.

Rappelons que le vin vegan ne signifie pas « sans souffre », « sans pesticide » ou « sans additif ». Il se concentre uniquement sur l’absence de tout intrant animal, aussi bien dans la vigne (engrais, produits phytosanitaires) que dans le chai. Des labels comme « EVE » (Expertise Végane Europe) ou « Vegan Society » permettent aujourd’hui une identification claire, bien que peu de bouteilles l’affichent encore en France (Le Monde du Vegan).

Vin bio : un cahier des charges plus centré sur la chimie que sur l’éthique animale

Le vin biologique s’attache d’abord à exclure les pesticides de synthèse et les engrais chimiques dans le vignoble, conformément au règlement européen CE n°203/2012. Les produits phytosanitaires autorisés sont d’origine naturelle, la pulvérisation se limite au soufre, cuivre, tisanes végétales, etc. En cave, les contraintes existent : limitation des sulfites, refus de certains additifs chimiques, mais… les produits animaux restent autorisés (blanc d’œuf, gélatine, lait). Paradoxalement, un vin bio peut donc contenir des composants animaux (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes).

  • Engrais et pesticides de synthèse interdits
  • Intrants œnologiques d’origine animale autorisés (collage, levures…)
  • Certification européenne et/ou française (AB)
  • Objectif : Réduire l’impact environnemental, pas forcément exclure la souffrance animale

Les critères du vin naturel : minimalisme poussé à l’extrême

Porté par des vignerons indépendants depuis les années 80, le vin naturel n’est encadré en France par aucun cahier des charges officiel — mais suit de facto, certains principes, définis notamment par l’Association des Vins Naturels (AVN

) ou le label Vin Méthode Nature (vinsnaturels.fr).

  • Vendanges manuelles sur vignes bio ou en conversion
  • Pas d’intrant de synthèse à la vigne 
  • Pas ou très peu de sulfites ajoutés (< 30 mg/L pour les rouges sous le label Vin Méthode Nature)
  • Vinification avec levures indigènes uniquement
  • Filtration faible ou absente
  • Collage très rare… mais pas systématiquement vegan : certains utilisent parfois encore du blanc d’œuf

Le vin naturel, c’est le refus de la standardisation, le parti-pris du vivant et de l’expression totale du terroir.

La biodynamie : une philosophie agricole complète, mais pas toujours vegan

La biodynamie s’inspire des travaux de Rudolf Steiner (biodynamic agriculture, 1924), mettant l’accent sur une vision holistique de la vigne : prise en compte des cycles lunaires, préparation de composts à partir de matières végétales et animales (bouse de vache, corne de vache, compost d’orties, etc.). L’équilibre et la vitalité du sol sont recherchés, mais l’élevage et l’utilisation d’intrants d’origine animale sont souvent vus comme essentiels pour la fertilité et la « vie » du vignoble.

Les labels Demeter ou Biodyvin encadrent cette démarche : exigeant le respect du cahier des charges bio, en plus de pratiques spécifiques à la biodynamie. Selon ces labels, le recours à la bouse de vache, cornes, intestins, est obligatoire dans la plupart des préparations (« préparation 500 », « préparation 502-507 »). La notion de respect du vivant n’exclut donc pas l’animal, mais vise une symbiose globale.

  • Matières animales utilisées dans les préparations
  • Vie du sol favorisée par composts et extraits variés
  • Effets sur la structure, la résistance, la santé de la vigne
  • Certification difficilement compatible avec un engagement vegan strict

Un vin vegan est-il toujours bio ?

La réponse est non. Il existe des vins vegan issus de la viticulture conventionnelle : rien n’oblige un domaine vegan à respecter les normes du bio (absence de pesticides de synthèse, etc.). À l’inverse, la grande majorité des vins vegans affichés sur le marché sont cependant issus de domaines bio ou « au moins » très raisonnés. Cela tient à la demande du public (souvent informé, sensible à la nature) et à la sensibilité générale des vignerons impliqués dans la démarche vegan. Mais sur le plan réglementaire, aucun lien n’est imposé.

Peut-on cumuler les labels : vegan, bio, naturel et biodynamique dans une même bouteille ?

Cumul possible, mais rarement total. Un vin peut parfaitement être à la fois bio, sans aucun intrant animal (vegan), vinifié sans sulfite (naturel)… mais être biodynamique et vegan est quasi impossible, en raison de l’usage systématique de matières animales dans la biodynamie. Des cas très exceptionnels existent où des vignerons proposent des cuvées « bio-nature-vegan » : par exemple, le Domaine des Coteaux d’Engraviès en Ariège, ou Les Vins Sains dans le Languedoc (source : Le torpilleur vin).

  • Vin bio + vin vegan : fréquent
  • Vin naturel + vegan : possible, mais pas systématique
  • Biodynamique + vegan : quasiment jamais (hors cas atypiques de biodynamie végétalienne)

Les labels bio garantissent-ils une production sans intrant animal ?

Non : la certification AB ou Eurofeuille porte uniquement sur l’interdiction des intrants chimiques de synthèse. La législation laisse libre cours à l’utilisation d’adjuvants d’origine animale lors de la clarification ou de la stabilisation. Même pour les vins les plus « propres » d’un point de vue écologique, ces résidus d’œufs, lait, ou poisson sont autorisés, tant que le producteur respecte les seuils fixés pour les allergènes au niveau européen (CE n°1169/2011).

Comment savoir si un vin naturel ou biodynamique est aussi vegan ?

La seule traçabilité fiable reste le label vegan officiel, ou une mention explicite du producteur (« collage réalisé sans intrant animal », ou « sans collage »). En France, la liste précise de tous les vins vegan – toutes catégories confondues – atteint à peine une centaine de domaines selon L214. L’absence de label ne garantit rien : un vin peut être 100 % naturel, n’utiliser aucun intrant chimique, et malgré tout avoir bénéficié d’un collage à l’albumine.

  • Chercher le logo « Vegan Society » ou « EVE »
  • Lire attentivement les étiquettes, sites internet, questionner le vigneron
  • Divers sites référencent les vins vegan disponibles (ex. L214)

Comparatif détaillé : bio vs vegan – des critères vraiment différents

  • Originel du vin : Raisin uniquement dans les deux cas
  • Traitements à la vigne : Bio : intrants chimiques synthétiques interdits. Vegan : pas de critère, domaine conventionnel possible.
  • Intrants œnologiques : Bio : produits animaux autorisés. Vegan : aucun produit animal permis, alternatives végétales ou minérales exigées.
  • Certification : Bio : AB, Eurofeuille. Vegan : Vegan Society, EVE — labels rares.
  • Orientation : Bio : priorité à l’écologie, pas à l’éthique animale. Vegan : éthique animale d’abord.

Le goût : un vin vegan est-il différent ?

La question du goût intrigue. Est-ce qu’un vin vegan a un profil aromatique distinct, une signature particulière ? La réponse : pas en théorie. Le goût d’un vin dépend d’abord du raisin, du terroir, du millésime, du savoir-faire du vigneron. Les agents de collage (bentonite pour vegan, blanc d’œuf pour classique) peuvent légèrement modifier la texture (bentonite donne parfois un toucher plus serré, moins onctueux !) mais l’impact est ténu, surtout lors de dégustations à l’aveugle, comme le souligne la Revue du Vin de France (RVF).

Les vins nature, eux, possèdent souvent un goût plus nu, vibrant, des touches parfois « brut », des arômes de fermentation remarquables. Mais ces différences proviennent du style de vinification plus que de la présence d’intrants animaux ou non.

À suivre : perspectives pour une viticulture vraiment éthique

Les distinctions sont claires : chaque label, chaque démarche, porte une vision singulière du respect du vivant. La demande pour des vins transparents, éthiques, respectant et la nature et la sensibilité animale, ne cesse de croître (33% des Français déclarent être ouverts à opter pour un vin vegan, enquête YouGov 2023). Le principal défi reste la lisibilité pour le consommateur. Si la réglementation progresse, la responsabilité revient au vigneron, au caviste, mais aussi à chacun d’exiger cette information. Il existe aujourd’hui, pour les amateurs de vins et de vie, des solutions pour lever le doute et savourer, pleinement, une bouteille en accord avec toutes ses convictions.

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